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L'HOMME, CET INCONNU

aux chagrins, par le travail et par la lutte. Nous pouvons, sans dégénérer, subir la tyrannie, les révolutions, la guerre. Mais nous ne nous accoutumons pas à la misère ou à la prospérité. L'extrême pauvreté amène toujours l’affaiblissement de l'individu et de la race. Il en est de même de la richesse sans responsabilité. Il existe cependant des familles qui pendant des siècles ont possédé l'argent et le pouvoir, et sont restées fortes. Mais autrefois le pouvoir et l'argent venaient de la propriété de la terre, et entraînaient la nécessité de la lutte, de l'effort, d’un travail continu. Aujourd’hui, la richesse n'apporte avec elle aucune obligation. Elle produit toujours l'affaiblissement des hommes. Le loisir, sans la richesse, est aussi dangereux. Ni les cinémas, ni les concerts, ni les radios, ni les automobiles, ni les sports ne remplacent le travail intelligent et l’activité utile. Nous sommes loin d’avoir résolu le problème le plus redoutable de la société moderne, celui du manque d'occupation. Nous ne le résoudrons probablement qu’au prix d’une révolution morale et sociale. Pour le moment, nous sommes aussi incapables de lutter contre l’oisiveté que contre le cancer et les maladies mentales.