Page:L'homme, cet inconnu.djvu/299

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
273
LES FONCTIONS ADAPTIVES

l'équivalent de l'effort qu’elles faisaient en montant et descendant continuellement l'escalier de leur maison, en accomplissant leurs travaux domestiques sans l’aide de machines, en circulant à pied dans les rues. Aujourd’hui, elles vivent dans des appartements pourvus d’un ascenseur, marchent avec difficulté sur de hauts talons, et se servent constamment d’une automobile, des omnibus ou des tramways. Il en est de même pour les hommes. Le golf du samedi et du dimanche ne compense pas la complète inaction du reste de la semaine. En supprimant l'effort musculaire de la vie quotidienne, nous avons supprimé, sans nous en douter, l'exercice incessant auquel se livraient nos systèmes viscéraux pour maintenir la constance du milieu intérieur. Les muscles consomment, comme on le sait, du sucre et de l'oxygène, produisent de la chaleur, libèrent de l'acide lactique dans le sang circulant. Pour s'adapter à ces changements, l’organisme doit mettre en action le cœur, l'appareil respiratoire, le foie, le pancréas, les reins, les glandes sudoripares, les systèmes cérébro-spinal et grand sympathique. En somme, il n’est pas probable que les exercices intermittents auxquels nous nous livrons soient l'équivalent de l'activité musculaire continue que comportait l'existence de nos ancêtres. Aujourd’hui, l'effort physique est réservé à certains moments et à certains jours. L'état ordinaire des systèmes organiques, des glandes sudoripares et des glandes endocrines est le repos.

Nous avons aussi modifié l'usage des fonctions digestives. Les aliments durs, tels que le pain rassis, la viande des vieux animaux, par exemple, ne sont plus employés dans l'alimentation. Les médecins ont également oublié que les mâchoires sont faites pour broyer des choses résistantes, et que l'estomac est

18