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CHAPITRE VII
L'INDIVIDU
I

L'ÊTRE HUMAIN ET L'INDIVIDU. — LA QUERELLE DES RÉALISTES ET DES NOMINALISTES. — LA CONFUSION DES SYMBOLES ET DES FAITS CONCRETS.

L'être humain ne se rencontre nulle part dans la nature. Nous n’y observons que l'individu. Celui-ci se distingue de l'être humain en ce qu’il est une réalité concrète. C’est lui qui agit, aime, souffre, combat, meurt. Au contraire, l'être humain est une idée platonicienne. Il vit dans notre esprit et dans nos livres. Il se compose des abstractions étudiées par les physiologistes, les psychologistes, les sociologues. Ses caractères sont des Universaux. Nous nous trouvons de nouveau en face du problème qui passionna les esprits philosophiques du moyen âge, celui de la réalité des idées générales, Réalité pour laquelle Anselme de Laon soutint contre Abélard une lutte dont, après huit cents ans, nous entendons encore les échos. Abélard fut vaincu. Cependant, Anselme et Abélard, les réalistes qui croyaient à l'existence des Universaux, et les nominalistes qui n'y croyaient pas, avaient également raison.

À la vérité, nous avons besoin du général et du particulier, de l'être humain et de l'individu. La réa-

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