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L'HOMME, CET INCONNU

lité du général, des Universaux, est indispensable à la construction de la science, car notre esprit ne se meut aisément que parmi les abstractions. Pour le savant moderne, comme pour Platon, les idées sont la seule réalité. Cette réalité abstraite nous donne la connaissance du concret. Le général nous fait saisir le particulier. Grâce aux abstractions créées par les sciences de l'être humain, l'individu peut être habillé de schémas commodes qui, sans être faits à sa mesure, s'appliquent cependant à lui et nous aident à le comprendre. D'autre part, l'étude empirique des faits concrets permet l’évolution et le progrès des idées, des Universaux. Elle les enrichit continuellement. L'observation de multitudes d'individus développe une science de plus en plus complète de l'être humain. Les idées, au lieu d’être immuables dans leur beauté, comme le voulait Platon, se transforment et grandissent, quand notre esprit s’abreuve à la source sans cesse jaillissante de la réalité empirique.

Nous vivons dans deux mondes différents, celui des faits, et celui de leurs symboles. Pour prendre connaissance de nous-mêmes et de nos semblables, nous utilisons à la fois l'observation et les abstractions scientifiques. Mais il nous arrive de confondre l'abstrait, et le concret. Nous traitons alors les faits comme des symboles. Nous assimilons l'individu à l'être humain. La plupart des erreurs des éducateurs, des médecins et des sociologues viennent de cette confusion. Les savants habitués aux techniques de la mécanique, de la chimie, de la physique et de la physiologie, étrangers à la philosophie et à la culture intellectuelle, sont exposés à mélanger les concepts des différentes disciplines, et à ne pas distinguer clairement le général du particulier. Cependant, dans la poursuite de la connaissance de nous-mêmes, il