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L'INDIVIDU

Ces caractères spécifiques de l'individu sont rendus évidents par les résultats de la transplantation des organes. Mais il n’existe pas de méthodes permettant de les déceler facilement. L’injection répétée du sérum d’un individu dans les veines d’un autre indi- vidu appartenant au même groupe sanguin n’amène aucune réaction, aucune formation appréciable d’anti- corps. C'est, pour cette raison qu'un malade peut subir sans danger des transfusions répétées. Dans ce cas, les humeurs ne réagissent ni contre les globules, ni contre le sérum du donneur. Il est probable! cependant, que des procédés suffisamment délicats permettraient de mettre en évidence les différences individuelles révélées par la transplantation des organes. Cette spécificité des humeurs est due à des protéines et à certains groupes chimiques que Land- Steiner a désignés sous le nom d’haptènes. Les hap- tènes sont des substances grasses et des sucres, Quand on les combine à une matière protéique, le composé, injecté à un animal, détermine l'apparition dans le sérum de substances nouvelles, les anticorps spéci- fiquement opposés à l’haptène. C’est de l'agencement intérieur des grosses molécules résultant de la com- binaison d’un haptène et d’une protéine que dépend probablement la spécificité de l'individu. Les groupes d’atomes qui composent ces molécules et les modi- fications possibles de leurs positions dans l'édifice moléculaire sont très nombreux. Parmi les êtres humains qui se sont succédé sur la terre, il n’y en a pas eu sans doute deux dont la constitution chimique ait été identique. L’individualité des tissus est liée, d’une façon encore inconnue, aux molécules entrent dans la construction des cellules et des humeurs, Notre individualité propre a donc sa base au plus profond de nous-mêmes.

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