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L'HOMME, CET INCONNU

habituelles. Au cours des épidémies de grippe, de diphtérie, de fièvre jaune, ete., quelques malades n’éprouvent qu’un peu de fièvre, quelques malaises. Ils réagissent ainsi à l'infection à cause des qualités inhérentes de leurs tissus. Comme nous le savons, les mécanismes adaptifs qui nous protègent contre les microbes et les virus varient suivant chacun de nous. Quand l'organisme est incapable de résistance, dans le cancer, par exemple, sa destruction se fait aussi avec son caractère propre. Chez une jeune ferme, un cancer du sein amène rapidement la mort. Dans l'extrême vieillesse au contraire, il évolue sou- vent avec une grande lenteur. La maladie est une chose personnelle. Elle prend l'aspect de l'individu. IL y a autant de maladies différentes que de, malades différents. -

11 serait impossible, cependant, de construire une science de la médecine en se contentant de compiler un grand nombre d'observations individuelles. 11 a fallu classifier les faits, et les simplifier par des abstrac- tions. C’est ainsi qu'est née la maladie. Alors on a pu écrire les traités de médecine. Une sorte de science s’est édifiée, grossièrement descriptive, rudimentaire, imparfaite, fais commode, indéfiniment perfectible, et d’un enseignement facile. Malheureusement, les médecins se Sont contentés de ce résultat. Ils n'ont pas compris que les traités, décrivant des entités pathologiques, contiennent seulement une partie des connaissances nécessaires à celui qui soigne des ma- lades. Au médecin la science des maladies ne suffit pas. Il faut aussi qu'il distingue clairement l'être humain malade, décrit dans les livres médicaux, du malade concret en face duquel il se trouve. Ce ma- lade, qui doit être non seulement étudié, mais avant tout soulagé, rassuré, et guéri. Son rôle consiste à