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L'HOMME, CET INCONNU

morales. Il est bien évident que ces différences sont d’origine ancestrale. De même, si on examine attentivement des petits chiens, quand ils tettent encore, on voit que chacun des huit ou neuf invividus, qui composent la portée, présente quelque caractère distinct. Les uns réagissent à un bruit soudain, à la détonation d’un pistolet, par exemple, en s’aplatissant sur le sol, les autres en se dressant sur leurs petites pattes, d’autres en avançant dans la direction du bruit. Les uns conquièrent les’ meilleures mamelles, les autres se laissent éliminer de leur place. Les uns s’éloignent de la mère, explorent les alentours de leur niche. Les autres restent avec elle. D’autres grondent quand on les touche, d’autres encore restent silencieux. Quand les animaux élevés ensemble, et dans des conditions identiques, sont devenus adultes, on constate que la plupart de leurs caractères ne sont pas modifiés. Les chiens timides et peureux restent timides et peureux toute leur vie. Ceux qui étaient hardis et alertes perdent parfois ces qualités au cours du développement. Mais, en général, ils les conservent. Ils peuvent aussi les augmenter. Parmi les caractères d’origine ancestrale, les uns demeurent inutilités, les autres se développent. Les jumeaux qui proviennent d'un même œuf possèdent originellement les mêmes caractères immanents. Ils sont absolument identiques. Cependant, ceux qu’on sépare l’un de l’autre dès les premiers jours de leur vie, et qu’on élève de façon différente, dans des pays éloignés, perdent cette identité. Au bout de dix-huit ou vingt ans, on observe chez eux des différences extrêmement marquées, et; aussi de grandes ressemblances, surtout au point de vue intellectuel. Il apparaît donc que l'identité de la constitution n’assure pas la formation d'indi-