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L'INDIVIDU

notre âme comme l'oxygène de l'air, ou l'azote des aliments, dans nos tissus.

La spécificité individuelle persiste pendant toute la durée de la vie, bien que les tissus et les humeurs changent continuellement. Organes et milieu inté- rieur se meuvent au rythme de processus irréver- sibles vers des transformations définitives, et la mort. Mais ils conservent toujours leurs qualités im- manentes. Ils ne sont pas plus modifiés par le cou- rant de matière où ils sont immergés que les sapins des montagnes par les nuages qui les traversent. Cependant, lindividualité s’acouse ou s’atténue sui- vant les conditions du milieu. Quand ces conditions sont particulièrement défavorables, elle semble se dissoudre. La personnalité mentale est moins mar- quée que la personnalité organique. Chez les hommes modernes, on se demande, à juste raison, si elle existe encore. Certains observateurs mettent sa réa lité en doute. Théodore Dreiser la considère. comme un mythe. Il est certain que les habitants de la Cité nouvelle présentent, une grande uniformité dans leur faiblesse morale et intellectuelle. La plupart des individus sont construits sur le même type. Un mé- lange de nervosisme et d’apathie, de vanité et de manque de confiance en soi-même, de force muscu- laire et de non-résistance à la fatigue. Des tendances génésiques, à la fois irrésistibles et peu violentes, parfois homosexuelles. Cet état est dû à de graves désordres dans la formation de la personnalité. Il n’est pas seulement une attitude d'esprit, une mode qui peut facilement changer. Il est l'expression, soit d’une dégénérescence de la race, soit du développe- ment défectueux des individus, soit de ces deux phénomènes.

Cette déchéance est, dans une certaine mesure,