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L'HOMME, CET INCONNU

peau constitue la frontière que nos ennemis microscopiques ne doivent pas franchir. Néanmoins, nous nous étendons beaucoup plus loin qu’elle. Au delà de l’espace et du temps. Nous connaissons le centre de l'individu, mais nous ne savons pas où se trouvent ses limites extérieures. Peut-être ces limites n’exis- tent-elles pas. Chaque homme est lié à ceux qui le précèdent et à ceux qui le suivent. Il se fond en quelque sorte en eux. L’humanité n’est pas com- posée d'éléments séparés, comme les molécules d’un gaz. Elle ressemble à un réscau de filaments qui s'étendent dans le temps, et portent, comme les grains d'un chapelet, les générations successives d'individus. Sans nul doute notre individualité est réelle. Mais elle est moins définie que nous le croyons. Notre complète indépendance des autres individus et du monde cosmique est une illusion.

Notre corps est fait des éléments chimiques du milieu extérieur qui pénètrent en lui et se modifient suivant son individuelité. Ces éléments s'organisent en édifices temporaires, tissus, humeurs et organes, qui s’effondrent et se reconstruisent pendant toute la vie. Après notre mort, ils retournent au monde de la matière inerte. Certaines substances chimiques prennent nos caractères raciaux et individuels. Elles deviennent nous-mêmes. D'autres ne font que tra- verser notre corps. Elles participent à l'existence de chacun de nous sans avoir aucun de nos caractères, de même que la cire ne modifie pas sa composition chimique quand elle forme différentes statues. Elles passent en nous comme un grand fleuve où nôs cel- lules puisent les matières nécessaires à leur croissance et à leurs dépenses d'énergie. D’après les mystiques, nous recevons aussi du monde extérieur certains éléments spirituels. La grâce de Dieu pénètre dans