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L'HOMME, CET INCONNU

mique, la politique, la sociale, la mentale, ou l'organique? Quelle science doit grandir et absorber les autres? Sans nul doute, la reconstruction de nous-mêmes et de notre milieu économique et social demande une connaissance précise de notre corps et de notre âme, c’est-à-dire, de la physiologie, de la psychologie et de la pathologie. De toutes les sciences qui s'occupent de l’homme, depuis l'anatomie jusqu’à l'économie politique, la médecine est la plus compréhensive. Cependant, elle est loin de saisir son objet dans toute son étendue. Elle s’est contentée jusqu’à présent d'étudier la structure et les activités de l'individu en état de santé et de maladie, et d'essayer de guérir les malades. Elle a accompli cette tâche avec un modeste succès. Elle a réussi beaucoup mieux, comme on le sait, dans la prévention des maladies. Néanmoins, son rôle dans notre civilisation est resté secondaire. Excepté quand, par l'intermédiaire de l'hygiène, elle a aidé l'industrie à accroître la population. On dirait qu’elle a été paralysée par ses propres doctrines. Rien ne l'empêcherait aujourd’hui de se débarrasser des systèmes auxquels elle s’attarde encore, et de nous aider de façon plus effective. Il y a près de trois cents ans, un philosophe, qui rêvait de lui consacrer sa vie, conçut clairement les hautes fonctions dont elle est capable. « L'esprit, écrivait Descartes dans le Discours de la Méthode, dépend si fort du tempérament et de la disposition des organes du corps, que s'il est possible de trouver quelque moyen qui rende communément les hommes plus sages et plus habiles qu’ils n'ont été jusqu'ici, je crois que c’est dans la médecine qu'on doit le chercher. Il est vrai que celle qui est main- tenant en usage contient peu de choses dont l'utilité soit si remarquable ; mais, sans que j'aie aucun dessein