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LA RECONSTRUCTION DE L'HOMME

de la mépriser, je m’assure qu’il n’y a personne, même de ceux qui en font profession, qui n’avoue que tout ce qu'on y sait n’est presque rien à comparaison de ce qui reste à y savoir, et qu’on se pourrait exempter d’une infinité de maladies, tant du corps que de l'esprit, et même aussi peut-être de l’affaiblissement de la vieillesse si on avait assez de connaissances de leurs causes et de tous les remèdes dont la nature nous a pourvus. »

Grâce à l'anatomie, à la physiologie, à la psychologie et à la pathologie, la médecine possède les bases essentielles de la connaissance de l’homme. Il lui serait facile d'élargir ses vues, d'embrasser, outre le corps et la conscience, leurs relations avec le monde matériel et mental, de s’adjoindre la sociologie, de devenir la science par excellence de l'être humain. Elle grandirait au point non seulement de guérir ou de prévenir les maladies, mais aussi de diriger le développement de toutes nos activités organiques, mentales et sociales. Ainsi comprise, elle nous permettrait de bâtir l'individu suivant les règles de sa propre nature. Elle serait l’inspiratrice de ceux qui auront la tâche de conduire l'humanité à une vraie civilisation. Aujourd’hui, l'éducation, l'hygiène, la religion, la construction des villes, l’organisation politique, sociale, et économique de la société sont confiées à des gens qui connaissent un seul aspect de l’homme. Il paraîtrait insensé de remplacer les ingénieurs des usines de métallurgie ou de produits chimiques par des politiciens, des juristes, des instituteurs, ou des philosophes. C’est, cependant, à de telles personnes qu’on laisse prendre la direction, infiniment plus difficile, de la formation physiologique et mentale des hommes civilisés, et même du gouvernement des grandes nations. La médecine,