Page:L'homme, cet inconnu.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
13
NÉCESSITÉ DE NOUS CONNAÎTRE NOUS-MÊMES

température pendant l’hiver et l’abaissent pendant l’été. Les hautes maisons des grandes villes ont transformé les rues en tranchées obscures. Mais la lumière du soleil est remplacée dans l’intérieur des appartements par une lumière artificielle riche en rayons ultra-violets. Au lieu de l’air de la rue pollué par les vapeurs d’essence, les bureaux et les ateliers reçoivent de l’air aspiré au niveau du toit. Les habitants de la cité nouvelle sont protégés contre toutes les intempéries. Ils ne vivent plus, comme autrefois, près de leur atelier, de leur boutique ou de leur bureau. Les uns, les plus riches, habitent les gigantesques bâtiments des grandes avenues. Les rois de ce monde possèdent, au faîte de vertigineuses tours, de délicieuses maisons entourées d’arbres, de gazon et de fleurs. Ils s’y trouvent à l’abri des bruits, des poussières et de l’agitation, comme au sommet d’une montagne. Ils sont isolés plus complètement du commun des êtres humains que l’étaient les seigneurs féodaux derrière les murailles et les fossés de leurs châteaux forts. Les autres, même les plus modestes, logent dans des appartements dont le confort dépasse celui qui entourait Louis XIV ou Frédéric le Grand. Beaucoup ont leur domicile loin de la cité. Chaque soir, les trains rapides transportent une foule innombrable dans les banlieues dont les larges voies ouvertes entre les bandes vertes du gazon et des arbres sont garnies de jolies et confortables maisons. Les ouvriers et les plus humbles employés ont des demeures mieux agencées qu’autrefois celles des riches. Les appareils de chauffage à marche automatique qui règlent la température des maisons, les réfrigérateurs, les fourneaux électriques, les machines domestiques employées à la préparation des aliments et au nettoyage des chambres, les salles de bain, et