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L’HOMME, CET INCONNU

les garages pour automobiles, donnent à l’habitation de tous, non seulement dans les villes, mais aussi dans les campagnes, un caractère qui n’appartenait auparavant qu’à celle de quelques rares privilégiés de la fortune.

En même temps que l’habitat, le mode de vie s’est transformé. Cette transformation est due surtout à l’accélération de la rapidité des communications. Il est bien évident que l’usage des trains et des bateaux modernes, des avions, des automobiles, du télégraphe et du téléphone, a modifié les relations des hommes et des pays les uns avec les autres. Chacun fait beaucoup plus de choses qu’autrefois. Il prend part à plus d’événements. Il entre en contact avec un nombre plus considérable d’individus. Les moments inutilisés de son existence sont exceptionnels. Les groupes étroits de la famille, de la paroisse, se sont dissous. À la vie du petit groupe a été substituée celle de la foule. La solitude est considérée comme une punition, ou comme un luxe rare. Le cinéma, les spectacles sportifs, les clubs, les meetings de toutes sortes, les agglomérations des grandes usines, des grands magasins et des grands hôtels ont donné aux individus l’habitude de vivre en commun. Grâce au téléphone, aux radios et aux disques des gramophones, la banalité vulgaire de la foule, avec ses plaisirs et sa psychologie, pénètre sans cesse dans le domicile des particuliers, même dans les lieux les plus isolés et les plus lointains. À chaque instant, chacun est en communication directe ou indirecte avec d’autres êtres humains, et se tient au courant des événements minuscules ou importants qui se passent dans son village ou sa ville, ou aux extrémités du monde. Les cloches de Westminster se font entendre dans les maisons les plus ignorées du fond