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LA RECONSTRUCTION DE L'HOMME

pas se libérer, à laquelle ils doivent être préparés. N’est-il pas étrange qu’une grande partie du temps des jeunes filles ne soit pas consacrée à l’étude physiologique et mentale des enfants, et des méthodes d’éducation ? La femme doit être rétablie dans sa fonction naturelle, qui est non seulement de faire des enfants, mais de les élever.

De même que l’école, l’usine et le bureau ne sont pas des institutions intangibles. Il y a eu, autrefois, une forme de vie industrielle qui permettait aux ouvriers de posséder une maison et des champs, de travailler chez eux, à l’heure qu’ils voulaient et comme ils voulaient, de faire usage de leur intelligence, de fabriquer des objets entiers, d’avoir la joie de la création. Aujourd’hui, il faut rendre aux travailleurs ces avantages. Grâce à l’énergie électrique et aux machines modernes, la petite industrie est devenue capable de se libérer de l’usine. La grosse industrie ne pourrait-elle pas aussi être décentralisée ? Ou ne serait-il pas possible d’y faire travailler tous les jeunes gens de la nation pour une courte période, comme une période de service militaire ? On arriverait ainsi à supprimer le prolétariat. Les hommes vivraient en petits groupes, au lieu de former d’immenses troupeaux. Chacun conserverait, dans son groupe, sa valeur humaine propre. Il cesserait d’être un rouage de machine, et redeviendrait un individu. Aujourd’hui, le prolétaire a une position aussi basse que celle du serf féodal. Pas plus que lui, il ne peut espérer s’évader, être indépendant, commander aux autres. Au contraire, l’artisan a l’espoir légitime de devenir un jour patron, De même, le paysan propriétaire de sa terre, le pêcheur propriétaire de son bateau, quoique soumis à un dur travail, sont maîtres d’eux-mêmes et de leur temps. La plu-

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