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L'HOMME, CET INCONNU

part des travailleurs industriels pourraient avoir une, indépendance et une dignité analogues. Dans les bureaux gigantesques des grandes corporations, dans les magasins aussi vastes que des villes, les employés perdent leur personnalité comme les ouvriers dans les usines. En fait, ils sont devenus des prolétaires. Il semble que l'organisation moderne des affaires et la production en masse soient incompatibles avec le développement de la personne humaine. S'il en est ainsi, c’est la civilisation moderne, et non l’homme, qui doit être sacrifiée.

Si elle reconnaissait la personnalité des êtres humains, la société serait obligée d'accepter leur inégalité. Chaque individu doit être utilisé d’après ses caractères propres. En essayant d'établir l'égalité entre les hommes, nous avons supprimé des particularités individuelles qui étaient très utiles. Car le bonheur de chacun dépend de son adaptation exacte à son genre de travail. Et il y a beaucoup de tâches différentes dans une nation moderne. Il faut donc varier les types humains, au lieu de les unifier, et augmenter ces différences par l'éducation et les habitudes de la vie. Au lieu de reconnaître, la diversité nécessaire des êtres humains, la civilisation industrielle les a comprimés en quatre classes : les riches, les prolétaires, les paysans, et la classe moyenne. L'employé, l'instituteur, l'agent de police, le pasteur, le petit médecin, le savant, le professeur d'université, le boutiquier, qui constituent la classe moyenne, ont, à peu près le même genre de vie. Ces types si disparates sont classés ensemble, non pas d’après leur personnalité, mais d’après leur position financière. Il est bien évident, cependant, qu’ils n’ont rien en commun. L'étroitesse de leur existence étouffe les meilleurs, ceux qui sont capables de grandir, qui