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LA RECONSTRUCTION DE L'HOMME

sance. Malgré sa beauté et sa grandeur, le monde de la matière inerte est trop étroit pour lui. De même que notre milieu économique et social, il n’est pas fait à notre mesure. Nous ne pouvons pas adhérer au dogme de sa réalité exclusive. Nos savons que nous n'y sommes pas entièrement confinés, que nous nous étendons dans d’autres dimensions que celles du continuum physique. L'homme est à la fois un objet matériel, un être vivant, un foyer d'activités mentales. Sa présence dans l'immensité morte des espaces interstellaires est totalement négligeable. Cependant, il est loin d’être un étranger dans ce prodigieux royaume de la matière. Son esprit s'y meut facilement à l’aide des abstractions mathématiques. Mais il préfère contempler la surface de la terre, les montagnes, les rivières, l'océan. Il est fait à la mesure des arbres, des plantes et des animaux. Il se plaît en leur compagnie. Il est lié plus intimement encore aux œuvres d'art, aux monuments, aux merveilles mécaniques de la Cité nouvelle, au petit groupe de ses amis, à ceux qu’il aime. Il s'étend, au delà de l'espace et du temps, dans un autre monde. Et de ce monde, qui est lui-même, il peut, s’il en a la volonté, parcourir les cycles infinis. Le cycle de la Beauté, que contemplent les savants, les artistes, et les poètes. Le cycle de l'Amour, inspirateur du sacrifice, de l'héroïsme, du renoncement. Le cycle de la Grâce, suprême récompense de ceux qui ont cherché avec passion le principe de toutes choses. Tel est notre Univers.