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NÉCESSITÉ DE NOUS CONNAÎTRE NOUS-MÊMES

tance. Grâce à ces doctrines, les maladies infectieuses, qui ravageaient périodiquement pays civilisés, ont été supprimées, La nécessité de la propreté a été démontrée. Il en est résulté une grande diminution dans la mortalité des enfants. La durée moyenne de la vie a augmenté de façon étonnante. Elle atteint aujourd’hui cinquante-neuf ans aux États-Unis et soixante-cinq ans en Nouvelle-Zélande. Les gens ne vivent pas plus vieux, mais plus de gens deviennent vieux. L’hygiène a donc accru beaucoup la quantité des êtres humains. En même temps, la médecine, par une meilleure conception de la nature des maladies, et par une application judicieuse des techniques chirurgicales, a étendu sa bienfaisante influence sur les faibles, les incomplets, les prédisposés aux maladies microbiennes, sur ceux qui, jadis, n’étaient pas capables de supporter les conditions d’une existence plus rude. C’est un gain énorme en capital humain que la civilisation a réalisé par elle. Et chaque individu lui est redevable aussi d’une sécurité plus grande devant la maladie et la douleur.

Le milieu intellectuel et moral, dans lequel nous sommes plongés, a été lui aussi modelé par la science. Le monde, où vit l’esprit des hommes d’aujourd’hui, n’est nullement celui de leurs ancêtres. Devant les triomphes de l’intelligence qui nous apporte la richesse et le confort, les valeurs morales ont naturellement baissé. La raison a balayé les croyances religieuses. Seules importent la connaissance des lois naturelles et la puissance que cette connaissance nous donne sur le monde matériel et sur les êtres vivants. Les banques, les universités, les laboratoires, les écoles de médecine sont devenus aussi beaux que les temples antiques, les cathédrales gothiques, les palais des Papes. Jusqu’aux récentes catastrophes,

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