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L'HOMME, CET INCONNU

moderne est basée sur la conception de la production maximum au plus bas prix possible afin qu'un individu ou un groupe d'individus gagnent le plus d'argent possible. Elle s'est développée sans idée de la nature vraie des êtres humains qui conduisent les machines et sans préoccupation de ce que produit sur eux et sur leur descendance la vie artificielle imposée par l'usine. La construction des grandes villes s’est faite sans plus d’égards pour nous. La forme et les dimensions des bâtiments modernes ont été inspirées par la nécessité d'obtenir le revenu maximum par mètre carré du terrain, et d'offrir aux locataires des bureaux et des logements qui leur plaisent. On est arrivé ainsi à la construction des maisons géantes qui accumulent en un espace restreint des masses beaucoup trop considérables d’individus. Ceux-ci y habitent avec plaisir, car jouissant du confort et du luxe ils ne s’aperçoivent pas qu'ils sont privés du nécessaire. La ville moderne se compose de ces habitations monstrueuses et de rues obscures, pleines d'air pollué par les fumées, les poussières, les vapeurs d'essence et les produits de sa combustion, déchirées par le fracas des camions et des tramways, et encombrées sans cesse par une grande foule. Il est évident qu'elle n'a pas été construite pour le bien de ses habitants.

Notre vie est influencée dans une très large mesure par les journaux. Le publicité est faite uniquement dans l'intérêt des producteurs, et jamais des consommateurs. Par exemple, on a fait croire au public que le pain blanc est supérieur au brun. La farine a été blutée de façon de plus en plus complète et privée ainsi de ses principes les plus utiles. Mais elle se conserve mieux, et le pain se fait plus facilement. Les meuniers et les boulangers gagnent plus