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L'HOMME, CET INCONNU

les nations où la civilisation industrielle a atteint son apogée qui s’affaiblissent davantage. Ce sont eux dont le retour à la barbarie est le plus rapide. Ils demeurent sans défense devant le milieu adverse que la science leur a apporté. En vérité, notre civilisation, comme celles qui l'ont précédée, a créé des conditions où, pour des raisons que nous ne connaissons pas exactement, la vie elle-même devient impossible. L'inquiétude et les malheurs des habitants de la Cité nouvelle viennent de leurs institutions politiques, économiques et sociales, mais surtout de leur propre déchéance. Ils sont les victimes du retard des sciences de la vie sur celles de la matière.

Seule, une connaissance beaucoup plus profonde de nous-mêmes peut apporter un remède à ce mal. Grâce à elle, nous verrons par quels mécanismes l'existence moderne affecte notre conscience et notre corps. Nous apprendrons comment nous adapter à ce milieu, comment nous en défendre, et aussi par quoi le remplacer dans le cas où une révolution deviendrait indispensable. En nous montrant ce que nous sommes, nos potentialités, et la manière de les actualiser, cette connaissance nous apportera l’explication de notre affaiblissement physiologique, de nos maladies morales et intellectuelles. Elle seule peut nous dévoiler les lois inexorables dans lesquelles sont enfermées nos activités organiques et spirituelles, nous faire distinguer le défendu du permis, nous enseigner que nous ne sommes pas libres de modifier, suivant notre fantaisie, notre milieu et nous-mêmes. En vérité, depuis que les conditions naturelles de existence ont été supprimées par la civilisation moderne, la science de l’homme est devenue la plus nécessaire de toutes les sciences.