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LA SCIENCE DE L’HOMME

nous libérer en même temps de la masse des illusions, des erreurs, des observations mal faites, des faux problèmes poursuivis par les faibles d'esprit de la science, des pseudo-découvertes des charlatans, des savants célébrés par la presse quotidienne. Et aussi des travaux tristement inutiles, des longues études de choses sans signification, inextricable fouillis qui s'élève comme une montagne depuis que la recherche scientifique est devenue une profession comme celles de maître d'école, de pasteur ou d’employé de banque.

Cette élimination faite, il nous reste les résultats du patient effort de toutes les sciences qui s'occupent de l’homme, le trésor des observations et des expériences qu’elles ont accumulées. Il suffit de chercher dans l’histoire de l'humanité pour y trouver l’expression plus ou moins nette de toutes ses activités fondamentales. A côté des observations positives, des faits certains, il y a une quantité de choses qui ne sont ni positives, ni certaines, et qui cependant ne doivent pas être rejetées. Certes, les concepts opérationnels, seuls, permettent de placer la connaissance de l'homme sur une base solide. Mais, seule aussi, l'imagination créatrice peut nous inspirer les conjectures et les rêves d’où naîtra le plan des constructions futures. Il faut donc continuer à nous poser des questions qui, au point de vue de la saine critique scientifique, n’ont aucun sens. D'ailleurs, même si nous essayions d'interdire à notre esprit la recherche de l'impossible et de l’inconnaissable, nous n'y arriverions pas. La curiosité est une nécessité de notre nature, Elle est une impulsion aveugle qui n’obéit à aucune règle. Notre esprit s’infiltre autour des choses du monde extérieur, et dans les profondeurs de nous-mêmes, de façon aussi irraisonnée et irré-