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L'HOMME, CET INCONNU

ciologistes, se trouvant en face de problèmes d’une extrême complication, ont souvent cédé à la tentation de construire des hypothèses, et ensuite, d'en faire des articles de foi. Et les savants se sont immobilisés dans des formules aussi rigides que les dogmes d’une religion.

Nous retrouvons, dans toutes les sciences, le souvenir encombrant de pareilles erreurs. Une des plus célèbres a donné lieu à la grande querelle des vitalistes et des mécanistes, dont le futilité nous étonne aujourd’hui. Les vitalistes pensaient que l'organisme était une machine dont les parties s’intégraient grâce à un facteur non physico-chimique. D'après eux, les processus responsables de l’unité de l'être vivant étaient dirigés par un principe indépendant, une entéléchie, une idée analogue à celle de l'ingénieur qui construit une machine. Cet agent autonome n'était pas une forme d'énergie et ne créait pas d'énergie. Il ne s’occupait que de la direction de l'organisme. Évidemment, l'entéléchie n’est pas un concept opérationnel. C’est une pure construction de l'esprit. En somme, les vitalistes considéraient le corps comme une machine dirigée par un ingénieur, qu'ils nommaient entéléchie. Et ils ne se rendaient pas compte que cet ingénieur, cette entéléchie, n’était pas autre chose que leur propre intelligence. Quant aux mécanistes, ils croyaient que tous les phénomènes physiologiques et, psychologiques sont explicables par les lois de la physique, de la chimie et de la mécanique. Ils construisaient ainsi une machine dont ils étaient l'ingénieur. Ensuite, comme le fait remarquer Woodger, ils oubliaient l'existence de cet ingénieur. Ce concept n’est pas opérationnel. Il est, évident que mécanisme et vitalisme doivent être rejetés au même titre que tout autre système. Il faut