Page:L'homme, cet inconnu.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
L'HOMME, CET INCONNU

physiologistes modernes s'occupent surtout des phénomènes physico-chimiques qui se passent chez les animaux vivants, et négligent les processus physiologiques et la psychologie. De même, les médecins se spécialisent dans les sujets dont les techniques sont simples et déjà connues, plutôt que dans l'étude des maladies dégénératives, des névroses et des psychoses, qui demanderait l'intervention de l'imagination et la création de méthodes nouvelles. Chacun sait cependant que la découverte de quelques-unes des lois de l’organisation de la matière vivante serait plus importante que celle, par exemple, du rythme des cils vibratiles des cellules de la trachée. Sans nul doute, il vaudrait mieux délivrer l'humanité du cancer, de la tuberculose, de l’artério-sclérose, de la syphilis, et des malheurs innombrables apportés par les maladies nerveuses et mentales, que de s’absorber dans l'étude minutieuse des phénomènes physico-chimiques d'importance secondaire qui se produisent au cours des maladies. Ce sont des difficultés techniques qui nous conduisent parfois à éliminer certains sujets du domaine de la recherche scientifique, et à leur refuser le droit de se faire connaître à nous. Parfois, des faits importants sont complètement supprimés. Notre esprit a une tendance naturelle à rejeter ce qui n'entre pas dans le cadre des croyances scientifiques ou philosophiques de notre époque. Les savants, après tout, sont des hommes. Ils sont imprégnés par les préjugés de leur milieu et de leur temps. Ils. croient volontiers que ce qui n’est pas explicable par les théories courantes n'existe pas. Pendant la période où la physiologie était identifiée à la physico-chimie, la période de Jacques Loeb et de Bayliss, l'étude des phénomènes mentaux fut négligée. On ne s’intéressait nullement à la psychologie