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L'HOMME, CET INCONNU

plus en plus petits. Il y a des spécialistes pour la physiologie des glandes, pour les vitamines, pour les maladies du rectum, pour celles du nez, pour l’éducation des petits enfants, pour celle des adultes, pour l'hygiène des usines, pour celles des prisons, pour la psychologie de toutes les.catégories d'individus, pour l’économie domestique, pour l'économie rurale, etc., etc. C’est grâce à cette division du travail que les sciences particulières se sont développées. La spécialisation des savants est indispensable. Et il est impossible à un spécialiste, engagé activement dans la poursuite de sa propre tâche, de connaître l’ensemble de l’être humain. Cette situation est rendue nécessaire par la grande étendue de chaque science. Mais elle présente un certain danger. Par exemple, Calmette, qui s'était spécialisé dans la bactériologie, voulut empêcher la propagation de la tuberculose parmi la population de la France. Naturellement, il prescrivit l'emploi du vaccin qu’il avait inventé. Si au lieu d’être un spécialiste, il avait eu une connaissance plus générale de l'hygiène et de la médecine, il aurait conseillé des mesures intéressant à la fois l'habitation, l'alimentation, le mode de travail et les habitudes de vie des gens. Un fait analogue se produisit aux États-Unis dans l’organisation des écoles primaires. John Dewey, qui est un philosophe, entreprit d'améliorer l'éducation des enfants. Mais ses méthodes s’adressèrent seulement au schéma d’enfant que sa déformation professionnelle lui représentait. Comment une telle éducation pourrait-elle convenir à l'enfant concret?

La spécialisation extrême des médecins est plus nuisible encore. L'être humain malade a été divisé en petites régions. Chaque région a son spécialiste. Quand celui-ci se consacre, dès le début de sa car-