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L'HOMME, CET INCONNU

sens moral. Les relations des maladies mentales et du cerveau, les caractères de la clairvoyance ne sont pas encore susceptibles d’une étude exacte. Cependant, toutes ces données, quoique approximatives, sont certaines.

On peut reprocher à cette connaissance d’être banale et incomplète. Elle est banale parce que le corps et la conscience, la durée, l'adaptation, l'individualité sont bien connus des spécialistes de l'anatomie, de la physiologie, de la psychologie, de la métapsychique, de l'hygiène, de la médecine, de l'éducation, de la religion et de la sociologie. Elle est incomplète, car dans le nombre immense des faits, nous sommes obligés de faire un choix. Et ce choix est nécessairement arbitraire. Il se limite à ce qui nous paraît le plus important. Il néglige le reste, car la synthèse doit être courte et saisissable d’un seul coup d'œil. L'intelligence humaine n'est capable embrasser qu'un certain nombre de détails. Il semble donc que, pour être utilisable, notre connaissance doive être incomplète. D'ailleurs, c’est la sélection des détails, et non pas leur nombre, qui donne à un portrait sa ressemblance. Le caractère d’un individu peut être plus fortement exprimé par un destin que par une photographie. Nous ne tracerons de nous-mêmes que de grossières esquisses, comme ces figures anatomiques faites à la craie sur le tableau noir. Malgré la suppression intentionnelle des détails, de telles esquisses seront, exactes. Elles s'inspireront de données positives, et non pas de théories et d’espérances. Elles ignoreront le vitalisme et le mécanicisme, le réalisme et le nominalisme, l'âme et le corps, l'esprit et la matière. Mais elles contiendront tout ce qui est observable. Même les faits inexplicables que les conceptions classiques