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LA SCIENCE DE L’HOMME

de nous-mêmes sera l’œuvre de l’avenir. Pour le moment, nous devons nous contenter d’une initiation, à la fois analytique et synthétique, à ces caractères de l’être humain que la critique scientifique nous a fait reconnaître comme réels. Dans les pages suivantes, l’homme nous apparaîtra aussi naïvement qu’il se présente à l’observateur et à ses techniques. Nous le verrons sous la forme des fragments découpés par ces techniques. Autant que possible, ces fragments seront replacés dans l’ensemble. Certes, une telle connaissance est très insuffisante. Mais elle est sûre. Elle ne contient pas d’éléments métaphysiques. Elle est, également, empirique, car le choix et l’ordre des observations ne sont guidés par aucun principe. Nous ne cherchons à prouver ou à renverser aucune théorie. Les différents aspects de l’homme sont considérés aussi simplement que, au cours de l’ascension d’une montagne, on regarde les rochers, les torrents, les prairies et les sapins, et même, au-dessus de l’ombre de la vallée, la lumière des cimes. C’est, au hasard de la route que, dans les deux cas, les observations sont faites, Cependant ces observations sont scientifiques. Elles constituent un corps plus ou moins systématisé de connaissances. Certes, elles n’ont pas la précision de celles des astronomes et des physiciens. Mais elles sont aussi exactes que le comportent les techniques employées, et la nature de l’objet auquel ces techniques sont appliquées. On sait, par exemple, que les hommes sont pourvus de mémoire, et de sens esthétique. Et aussi que le pancréas sécrète de l’insuline, que certaines maladies mentales dépendent, de lésions du cerveau, que certains individus manifestent des phénomènes de clairvoyance. On peut mesurer la mémoire, et l’activité de l’insuline, mais non l’émotion esthétique et le