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Page:L'oeuvre du Divin-Aretin - Partie I.djvu/40

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L’ŒUVRE DU DIVIN ARÉTIN

arrivait à qui la besognait, comme cela arrive pour celui qui loge dans la maison de quelque homme prodigue qui non seulement l’accueille, le nourrit et l’habille, mais lui donne encore le moyen de finir son voyage.

Antonia. — Ô bénie, ô pure Madame Sainte-Nafisse, inspire-moi de suivre tes très saintes traces !

Nanna. — En conclusion, ce qu’elle fit jamais et derrière et devant, à la porte et à l’huis, est là au naturel, et jusqu’à sa fin elle y est peinte. Et dans la sépulture sont représentés tous les clients qu’elle laissa dans ce monde pour les retrouver dans l’autre, et il n’y a pas tant de sortes d’herbes dans la salade de mai qu’il n’y a de variétés de clefs dans son sépulcre.

Antonia. — Je veux voir un jour ces peintures, coûte que coûte.

Nanna. — Sur la seconde est l’histoire de Mazet de Lamporrechio, et je te jure, par mon âme, qu’elles paraissent vivantes les deux sœurs qui le menèrent dans la cabane, tandis que le vaurien, faisant semblant de dormir, laissait sa chemise se gonfler comme une voile, tandis que se haussait l’antenne charnelle.

Antonia. — Ah ! ah ! ah !

Nanna. — Personne ne pouvait se tenir de rire en regardant les deux autres qui, s’étant aperçues de la galante aventure de leurs compagnes, prirent parti, non point de le dire à l’Abbesse, mais de se liguer avec elles, et chacun s’étonnait, contemplant Mazet qui, parlant par gestes, paraissait ne pas vouloir consentir. À la fin, nous nous arrêtâmes tous pour voir la sage Supérieure des Nonnes prendre les choses du bon côté et convier à souper et à coucher avec elle le vaillant homme qui, pour ne pas s’épuiser, se mit une nuit à parler et fit courir tout le pays au miracle, d’où le monastère fut canonisé comme saint.

Antonia. — Ah ! ah ! ah !

Nanna. — Dans la troisième, si je me souviens bien, étaient représentées toutes les sœurs qui avaient appartenu