Page:Lébédeff - Abrégé de l’Histoire de Kazan, 1899.djvu/24

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la Horde d’Or, d’Astrakhan, d’Azow et de la Crimée », dit le chroniqueur sus-mentionné, « et c’est ainsi que se

    le Khan, « mais on ne peut pas y construire une ville parce qu’il y a des nids de serpents terribles sur Djilan-Taou (en turc montagne se dit Dag, et en tartare Taou) et dans le coin formé par la confluence de la Kazanka et du Boulaq, il y a beaucoup de sangliers. » La femme riposta qu’il avait des sorciers qui sauraient bien nettoyer ces endroits-là des serpents et des sangliers.

    Le Khan Ali-Bey n’aimait pas trop la position du vieux Kazan, il envoya donc son fils et deux seigneurs visiter les environs de Djilan-Taou, en leur donnant un ordre écrit, dont ils prendraient connaissance après avoir choisi l’emplacement de la ville future. Après s’être arrêtés à la place de la ville de Kazan actuelle, les envoyés ouvrirent le pli qui ordonnait de tirer au sort et d’enterrer vivant celui des trois sur qui le sort tomberait, à l’endroit où serait posée la première pierre de la nouvelle ville. Le sort tomba sur le fils du Khan. Les seigneurs en eurent pitié : ils cachèrent et enterrèrent un chien.

    Quand on eut commencé à bâtir la ville, le Khan y vint lui-même et fut très chagriné du sort de son fils. Alors les seigneurs, voyant sa douleur, se décidèrent à lui découvrir la vérité. Malgré la joie éprouvée par le Khan, quand il apprit que son fils n’était pas mort, — il ne put s’empêcher de s’écrier prophétiquement : « On a enterré un chien sous les murailles de la ville ; c’est un pronostic qui veut dire que notre ville tombera avec le temps entre les mains des ennemis de notre vraie religion musulmane ! » On trouva le sorcier qui se chargeait de détruire les serpents. Il ordonna d’apporter en automne, lorsque les serpents s’endorment pour tout l’hiver, — toutes sortes de matières combustibles à l’endroit où se trouvaient les nids des serpents, et au printemps il alluma un énorme bûcher. Tous les serpents périrent, excepté un seul monstre ailé à deux têtes qui se sauva des flammes et s’envola vers Djilan-Taou, d’où il épouvantait les habitants de la ville, jusqu’à ce qu’il fût détruit par les charmes des sorciers. Les sangliers (qui s’appellent en russe kabane) furent chassés des environs de la ville par l’incendie des forêts qui entouraient le Lac de Kabane.