Page:Lébédeff - Abrégé de l’Histoire de Kazan, 1899.djvu/36

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es sur le trône et demain tu seras jeté en prison, et, comme Ali, tu mourras dans l’exil. Les souverains et les peuples te méprisent. Relève-toi donc de ton avilissement, secoue le joug de Moscou — ou meurs glorieusement ! »

Mehmet-Emîne prit donc la décision de découvrir ses intentions au Grand Duc. L’occasion s’en présenta bientôt.

Le jour de la fête chrétienne de la St Jean (24 juin), qui ouvrait la fameuse foire de Kazan, beaucoup de marchands russes s’y trouvaient réunis. C’était en 1505. Ils furent victimes d’une horrible trahison : subitement attaqués par les Tartares, en même temps que l’ambassadeur du Grand-Duc, ils furent maltraités et tués, tandis que leurs marchandises étaient mises au pillage ; ceux qui purent échapper à la mort furent emmenés prisonniers dans les villages des Nogaï. Après avoir accompli cet acte de cruauté contre les visiteurs de sa foire, Mehmet-Emîne entra sur le territoire de Moscou avec une armée de 80,000 hommes, composée de Kazaniens et de Nogaïs. C’est en pillant et saccageant tout ce qui se trouvait sur sa route qu’il arriva à Nijny-Novgorod, devant la quelle il mit le siége. En ce moment le Prince Nogaï, qui commandait son armée, fut tué, ce qui occasionna une telle panique dans les rangs des Tartares, que Mehmet-Emîne se vit obligé de lever le siége et de fuir dans son pays. En automne de cette même année, le Grand-Duc Jean III mourut, et son fils Vassily monta sur le trône. Le nouveau Grand-Duc ne voulut point laisser impunie l’insolence du Khan de Kazan, et ordonna à ses troupes de se préparer pour une expédition contre Kazan. Une grande armée, conduite par le frère du