Page:Lébédeff - Abrégé de l’Histoire de Kazan, 1899.djvu/37

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Grand-Duc, Dmitry, et les meilleurs voïvodes de Moscou, se mit en route, par terre et par eau, en automne de 1506, et le 22 mai la flottille russe se trouvait sous les murs de Kazan. La journée était exceptionnellement chaude. Les soldats russes, quoique fatigués par la marche et la chaleur combattirent bravement ; ils étaient sur le point d’entrer dans la ville même, lorsque la cavalerie de Kazan, qui s’était approchée d’eux par derrière, entra dans leurs rangs avec fureur et les sépara du Volga. Une quantité de Russes tombèrent sous les coups de l’ennemi, d’autres furent noyés dans le « Lac pourri »,[1] ou se rendirent à leurs ennemis ; un petit nombre d’entre eux réussirent à se réfugier sur leurs bateaux, où ils attendirent l’arrivée de la cavalerie russe. Dès l’arrivée de celle-ci, le prince Dmitry se décida à prendre la ville d’assaut. C’était le 24 juin, l’anniversaire du carnage, commis par les Kazaniens lors de la foire de l’année précédente. Mehmet-Emîne persuadé que les Russes, déconcertés par leur défaite, étaient déjà loin, s’amusait avec ses princes au champ d’Arsk, où la foire était établie. On y avait dressé plus de mille tentes et la prairie était remplie d’une foule bigarrée et insonciante, qui achetait les marchandises et s’amusait. Tout à coup on vit paraître les soldats russes, qui eurent l’air de « tomber du ciel », à ce que dit le chroniqueur. Ils se vengèrent impitoyablement du carnage de l’année précédente : la cavalerie russe piétinait la foule, en la criblant de coups de sabre, et les fuyards, qui, fous de terreur, tâchaient de gagner la ville s’entr-écrasaient dans ses rues étroites. Mais les Russes ne surent pas

  1. Cet ancien lac, qui exhalait des miasmes est desséché depuis longtemps.