la même main qui avait tracé en russe les strophes vengeresses, il écrivait en français sous ce titre : Mon portrait, des versiculets badins qui, — ne fût-ce qu’au point de vue de l’antithèse littéraire, — méritent d’être relevés :
Vous me demandez mon portrait,
Mais peint d’après nature ;
Mon cher, il sera bientôt fait,
Quoique en miniature.
Je suis un jeune polisson,
Encore dans les classes ;
Point sot, je le dis sans façon
Et sans fades grimaces.
Onc il ne fut de babillard,
Ni docteur en Sorbonne —
Plus ennuyeux et plus braillard.
Que moi-même en personne.
Ma taille à celles des plus longs
Ne peut être égalée ;
J’ai le teint frais, les cheveux blonds
Et le tête bouclée.
J’aime et le monde et son fracas,
Je hais la solitude ;
J’abhorre et noises, et débats,
Et tant soit peu l’étude.
Spectacles, bals me plaisent fort
Et d’après ma pensée,
Je dirais ce que j’aime encor…
Si je n’étais au Lycée.