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CONTES SLAVES

aux loups : Tant que j’aurai ces deux dents, je ne vous permettrai point d’approcher pour faire tort à mon maître.

Le lendemain au jour, le maître appela les bergers et leur ordonna de tuer tous les chiens, hormis le vieux brèche-dent. Les serviteurs eurent beau intercéder : Ne fais pas cela, maître. Pourquoi ? C’est un péché. — Faites, répondit le maître, comme je vous ai ordonné et non autrement.

Puis il partit avec sa femme, lui sur son cheval, elle sur sa jument. En route, le cheval dépassa la jument, se mit à parler en sa langue et lui dit : Va donc plus vite. Comme tu te traînes !

— Eh ! mon frère, cela t’est très facile à dire ; tu ne portes qu’un cavalier ; moi, j’en porte trois ; la maîtresse, l’enfant qu’elle a dans son sein, et un poulain qui est dans mon ventre.

Le maître, en entendant ces paroles, éclata de rire et se retourna ; la femme vit qu’il riait ; elle pressa la jument, rattrapa son mari et lui demanda pourquoi il avait ri.

— Quelque chose, dit-il, m’a passé par l’esprit.

Cette réponse ne la satisfit pas ; elle se mit