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LA MISÈRE

mêmes notre déménagement, soyez assez bonne pour nous aider un peu.

La dame y consentit et voulut prendre quelques légers ustensiles ; mais le laboureur les donna aux enfants et lui dit qu’il avait oublié dans la cour un billot qu’il lui fallait aussi emporter ; il courut dans la cour, ouvrit le billot d’un coup de hache, et pria poliment la misère de l’aider à enlever cet objet si lourd. Elle ne savait comment s’y prendre ; le laboureur lui montra la fente, elle y mit ses doigts longs et fins. L’autre, tout en feignant de l’aider, enleva brusquement sa cognée ; les doigts longs et fins restèrent pris dans le bois. Elle eut beau crier, gémir, se démener ; rien n’y fit.

Le laboureur rassembla à la hâte tout son mobilier, partit, et se garda bien de jamais revenir en cet endroit. Il fut désormais très heureux et devint bientôt le plus riche paysan du village où il était allé s’établir ; sa fille épousa le fils d’un honnête voisin, un beau et brave garçon ; tous vécurent en joie.

Le seigneur de l’ancien village, l’oppresseur des misérables, eut un tout autre destin. Voulant distribuer les maisons vides à de nouveaux habitants, il vint visiter celle