Page:Lénine - Discours aux congrès de l’Internationale communiste, 1973.djvu/19

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dans une situation où ceux-ci opposent une résistance à leur renversement et défendent leurs privilèges. Lorsque la bourgeoisie était révolutionnaire, elle n’accordait pas la « liberté de réunion », ni en Angleterre en 1649 ni en France en 1793[1], aux monarchistes et aux nobles qui faisaient appel aux troupes étrangères et qui se « rassemblaient » pour tramer des tentatives de restauration. Si la bourgeoisie actuelle, devenue réactionnaire depuis longtemps, exige du prolétariat qu’il garantisse d’avance, quelle que soit la résistance des capitalistes à leur expropriation, la « liberté de réunion » pour les exploiteurs, les ouvriers ne feront que se moquer de l’hypocrisie de la bourgeoisie.

D’autre part, les ouvriers savent parfaitement que la « liberté de réunion », même dans la république bourgeoise la plus démocratique, est une phrase creuse, car les riches disposent des plus belles salles, publiques et privées, et aussi de loisirs suffisants pour se réunir, et jouissent de la protection assurée par l’appareil bourgeois du pouvoir. Les prolétaires des villes et des campagnes ainsi que les petits paysans, c’est-à-dire l’immense majorité de la population, n’ont rien de tout cela. Tant que cet état de choses demeure, l’« égalité », c’est-à-dire la « démocratie pure », est un mensonge. Afin de conquérir l’égalité véritable, afin de réaliser en fait la démocratie pour les travailleurs, il faut commencer par prendre aux exploiteurs tous les édifices somptueux, pri-

  1. Il s’agit de la révolution du XVIIe siècle en Angleterre et de la révolution du XVIIIe siècle en France.