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Page:Lénine - La révolution prolétarienne et le rénégat Kautsky, 1921.djvu/88

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jugement sur la guerre dans son ensemble, considérée au point de vue de la bourgeoisie mondiale et du prolétariat mondial, c’est-à-dire que disparaît l’internationalisme, pour ne laisser subsister que le nationalisme le plus aveugle et le plus étroit. Je venge mon pays outragé, le reste, je m’en moque ; voilà à quoi revient ce raisonnement et à quelle étroitesse bourgeoise et nationaliste il se réduit. C’est comme si, à l’égard d’un affront individuel, quelqu’un tenait le raisonnement suivant : le socialisme est contre la violence, par conséquent je préfère commettre une trahison plutôt que d’aller en prison.

Le Français, l’Allemand ou l’Italien qui dit : le socialisme condamne la violence envers les nations, c’est pourquoi je me défends contre l’ennemi qui a envahi mon pays, trahit le socialisme et l’internationalisme. Cet homme ne voit rien en dehors « de son pays », il place « sa » bourgeoisie au-dessus de tout, sans penser aux liens internationaux qui rendent la guerre impérialiste et qui font de sa bourgeoisie un anneau de la chaîne du brigandage impérialiste.

Tous les petits bourgeois, tous les paysans ignorants et bornés raisonnent exactement comme les renégats kautskystes, longuettistes, Turati et Cie, à savoir : l’ennemi est dans mon pays, tout le reste m’importe peu[1].

  1. Les social-chauvins (Scheidemann, Renaudel, Henderson, Gompers et Cie) ne veulent pas entendre parler de « l’Internationale » pendant la guerre. Ils considèrent comme « traîtres » au socialisme les ennemis de « leur » bourgeoisie. Ils défendent la politique de conquêtes de « leur » bourgeoisie. Les social-pacifistes, socialistes en paroles, pacifistes bourgeois en réalité, expriment toutes sortes de sentiments « internationalistes », s’indignent contre les annexions etc., mais ils continuent en fait de soutenir leur bourgeoisie impérialiste. Entre les deux types il n’y a que la différence qui existe par exemple entre un capitaliste aux discours violents et un capitaliste aux discours mielleux.