Page:Lénine - La révolution prolétarienne et le rénégat Kautsky, 1921.djvu/87

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Le socialisme est contre la violence exercée envers les nations, c’est incontestable, Mais le socialisme est contre la violence en général exercée contre les personnes. Pourtant, hormis les anarchistes chrétiens et les disciples de Tolstoï, personne encore n’en a conclu que le socialisme s’oppose à la violence révolutionnaire. Par conséquent, parler de « violence » en général, sans distinguer les conditions qui différencient la violence réactionnaire de la violence révolutionnaire, c’est agir en bourgeois ennemi de la révolution, ou bien c’est être un pur sophiste qui cherche à se tromper lui-même et à tromper les autres.

Le même raisonnement s’applique à la violence envers les nations. Toute guerre est une violence à l’égard des nations, cela n’empêche pas les socialistes d’être pour la guerre révolutionnaire. Le caractère de classe de la guerre, voilà la question fondamentale qui se pose devant tout socialiste, s’il n’est pas un renégat. La guerre impérialiste de 1914-1918, c’est la guerre entre deux groupes de la bourgeoisie impérialiste pour le partage du monde, pour le partage du butin, pour la spoliation et l’asservissement des nations petites et faibles. C’est ainsi que le Manifeste de Bâle en 1912 considérait la guerre, et c’est ce que les faits ont confirmé. Tout homme qui abandonne ce point de vue sur la guerre n’est pas un socialiste.

Lorsque l’Allemand de Guillaume ou le Français de Clemenceau dit : « J’ai le droit et le devoir, comme socialiste, de défendre ma patrie lorsque son territoire est envahi », il raisonne non pas en socialiste, non pas en internationaliste, non pas en prolétaire révolutionnaire, mais en bourgeois nationaliste. De ce raisonnement disparaît la lutte de classe de l’ouvrier révolutionnaire contre le capitalisme, disparaît le vrai