Page:Lénine - La révolution prolétarienne et le rénégat Kautsky, 1921.djvu/94

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question obligatoire pour tout marxiste. Il raisonne comme un bourgeois philistin typique ou comme le plus ignorant des paysans : la « révolution générale européenne » a-t-elle éclaté, ou non ? Si elle a éclaté, alors lui aussi est prêt à se faire révolutionnaire ! Mais dans ce cas, remarquons-le, tout chenapan, comme ces coquins qui se collent parfois aux bolchéviks victorieux, se déclare lui aussi révolutionnaire !

Si non, Kautsky se détourne avec horreur de la révolution ! Il ne comprend pas du tout cette vérité, que ce qui distingue le marxiste révolutionnaire du vulgaire et du bourgeois, c’est de savoir prêcher aux masses ignorantes la nécessité de la révolution qui mûrit ; d’en démontrer l’inéluctabilité, d’en expliquer l’utilité pour le peuple, d’y préparer le prolétariat et toutes les masses laborieuses et exploitées.

Kautsky attribue aux bolchéviks un non-sens en prétendant qu’ils ont mis tout leur enjeu sur une carte, lorsqu’ils comptaient sur la révolution européenne à une date fixe. Ce non-sens s’est retourné contre Kautsky puisque, d’après son raisonnement, la tactique des bolchéviks eût été juste si la révolution était arrivée le 5 août 1918 ! C’est la date qu’il donne à la composition de sa brochure. Et lorsque, quelques semaines après cette date du 5 août, il fut clair que la révolution commençait dans bon nombre de pays d’Europe, toute l’apostasie de Kautsky, toute sa falsification du marxisme, toute son incapacité à raisonner en révolutionnaire, et même à poser les questions en révolutionnaire, apparurent dans toute leur beauté !

Accuser de trahison les prolétaires d’Europe, écrit Kautsky, c’est porter une plainte contre inconnus.

Erreur, Monsieur Kautsky ! Regardez dans la glace,