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nommés par les prêtres. — Quant à l’art égyptien, c’est la grandeur, dans le sens d’énormité, qui domine ; toute innovation était interdite. Et, sans plus de détails, copions cette phrase d’un historien peu critique : « L’immobilité est le principal caractère des gouvernements théocratiques. »

Dans l’Inde, à laquelle ce jugement est applicable aussi, autrefois gouvernée par les Brahmines, aujourd’hui, sous la domination des marchands anglais, grâce à la persistance de la religion, les mœurs et les croyances sont les mêmes qu’aux premiers temps : le paria se prosterne toujours à plat ventre devant le Brahmine qu’il rencontre. La domination du prêtre a pétrifié, on dirait à jamais, ces deux vastes contrées. Depuis huit mille ans et plus, ni l’Égyptien, ni l’Indou n’ont retrouvé la moitié de leur âme. Et combien d’autres peuples sont, pour les mêmes causes, dans la même inertie ? Le prêtre n’est pas seulement stérile, il est stérilisateur. Pour avoir eu des Dieux, et, quoique branlants, tenant encore, le monde humain a végété et végète toujours ! Les peuples surtout sont immolés en masse à la sainte hiérarchie ! Et cela se conçoit à merveille. Le Dieu, étant parfait, n’a pas à progresser. L’homme, de nature progressive, doit se fossiliser, ou rompre avec la Divinité.

La Grèce et Rome eurent l’avantage de ne connaître que le paganisme. Les Dieux païens représentant les forces de la vie, ne sont en réalité que de joyeux hommes, très proches de l’Humanité, (comme d’ailleurs tous les Dieux, en bien ou en