Page:Léo - Coupons le Câble !, 1899.djvu/29

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privant la patrie française d’au moins 20.000 citoyens dignes et paisibles. Les pays qui nous avoisinent sont peuplés des victimes de notre clergé catholique : la Suisse, les bords du Rhin, certaines contrées de l’Allemagne, les Pays-Bas !…

Ce qui fait de l’ère moderne une des époques les plus tristes de l’histoire, et tout autre chose qu’un progrès moral, ce sont les cruautés religieuses ! La passion y atteint dans l’horreur ses dernières limites. À cet âge, l’Humanité eût dû grandir et fructifier, comme tout ce qui vit dans la nature, par les premières découvertes de la science, par le génie de ses enfants, l’étude de plus de justice ; par l’amour idéalisé dans la fraternité universelle. Mais elle fut arrêtée, épouvantée, détournée d’elle-même et de ses voies, pour s’appliquer à l’amour d’un fantoche haineux, puéril et méchant, qui interdit tout amour et toute recherche en dehors de lui, excite l’homme à renoncer à la vie terrestre, l’emmure dans la nuit, vide son cœur de toute affection humaine et lui fait renier sa propre nature ! Des siècles passent dans cet étouffement.

Dès qu’on ose parler de réformes, de liberté, tout s’ébranle, se rue, entre en fureur ! C’est à partir du Christianisme qu’on voit de telles guerres, sous la conduite de chefs abominables, évêques ou seigneurs, les hommes, transformés en bêtes féroces, se baigner avec une joie furieuse dans le sang de leurs adversaires ! C’est alors que retentit l’affreuse parole : — Tuez tout, Dieu reconnaîtra les siens !…