Page:Léo - Coupons le Câble !, 1899.djvu/36

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du plus grand au plus humble : — Croyez ce que je vous ordonne de croire, car je suis le représentant de Dieu !

Chose curieuse ! Plus le prêtre règne, plus il veut régner, comme ces avares, dont la passion s’aigrit en vieillissant. On dirait, au milieu des guerres de religion, que le feu de l’Enfer flambe au sein de chaque dévot. Le prêtre antique, si cruel qu’il soit, ne peut se comparer à celui du moyen âge.

Bien des gens modérés, fidèles à leur caractère, nous accusent volontiers d’exagération en ces choses. Qu’ils lisent et relisent l’histoire ! Y trouveront-ils une passion plus forte, plus enragée, plus constante, que celle de régner et de posséder ? À vrai dire, celle-ci les contient et les satisfait toutes.

Elle existe chez les individus, mais avec une puissance centuplée dans les castes. Elle est secondée, stimulée, par cette malheureuse conception hiérarchique, où le plus élevé est le plus puissant. Or, quelle plus haute puissance que celle de la domination des âmes ? Gouverner le monde au nom d’une suprême sagesse, et sans crainte aucune d’être démentie par elle !… Dans l’exercice d’une semblable fonction, et sous la pression de l’intelligence, la foi, si elle existe, disparaît bientôt ; et l’arbitraire et la ruse se font la Loi. Telle est l’explication trop facile du long combat contre la justice et la vérité, qui, aidé de l’ignorance et de l’égoïsme positif de la race humaine, constitue l’histoire.

Le prêtre est un homme plus ou moins sincère, que ses liens avec Dieu enorgueillissent, et portent