Page:Léo - Coupons le Câble !, 1899.djvu/37

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à s’estimer supérieur au commun des hommes, fût-il ignorant et d’esprit vulgaire. Il n’en manque pas de ceux-ci, sortis du peuple, où devenir prêtre signifie monter à la bourgeoisie et honorer sa famille. Il est des mères qui destinent leur fils à la prêtrise afin de s’assurer la douce retraite des servantes de curé.

Ses liens avec Dieu, à vrai dire, ont peu de réalité. Il a été consacré par un évêque. De la délégation première des temps primitifs, il ne s’embarrasse point, la tradition lui suffit. Son commerce avec Dieu est tout entier à sa propre charge. À son réveil, et à l’occasion, élever son âme à Lui, ce qu’il fait de son mieux, sans avoir de réponse. Chaque jour, il lit quelques pages de son bréviaire, qu’il sait par cœur. Puis il dit sa messe et fait descendre Dieu sur l’autel ! Lien intime assurément ; mais à part de toute explication, et sur la foi des traités ! Après cela, le prêtre déjeune du bon Dieu, et retourne déjeuner réellement dans son presbytère.

Aux solennités, son triomphe est, l’ostensoir aux mains, de montrer Dieu (l’Hostie) à la foule en la bénissant. Tout le monde, agenouillé, baisse la tête, comme ébloui. Le prêtre seul, debout, promenant l’ostensoir d’or, rayonne !

Tels sont les liens divins qui ont rompu les liens naturels de ces hommes avec les autres humains. Pour tous, il est Monsieur le Curé, l’intermédiaire de la divinité ! On le salue humblement. Il va visiter les malades, il confesse les pécheurs ;