Page:Léo - Coupons le Câble !, 1899.djvu/55

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Composée, au commencement, de philosophes convaincus et d’hommes courageux, la Révolution fut arrêtée dans sa tâche par l’opposition du passé. Elle innova beaucoup, et son œuvre reste. Mais elle ne put transformer immédiatement le moule ancien, où l’idée nouvelle ne pouvait se développer, où elle étouffe depuis cent dix ans ! L’individu obscur et pauvre reste abandonné, non pas seulement à ses forces personnelles, qui, hors de la société, dans la nature, pourraient le sauver ; mais bien plus : entravé par les lois sociales dans l’exercice de ses forces même, qu’il ne peut employer sans la volonté d’autrui, lorsqu’il est dépourvu de tout capital social. Là, est l’injustifiable lacune de la société actuelle ! le gouffre où tombent journellement un nombre considérable d’humains par toute la Terre ; le crime incessant, voulu, effrontément accepté ! qui condamne cette société, toujours barbare, à être justement flétrie et prochainement brisée ! Qu’est-ce qu’une société qui ne protège que les forts et laisse périr les faibles ? — C’est un mensonge ! Une hypocrisie !

Il y avait pacte entre vous et lui. Riche, il vous assistait de sa cotisation ; pauvre, il devait être secouru. Il n’a plus de travail, et loin de l’aider, vous lui interdisez de féconder une terre inculte, parce qu’elle appartient à un autre ! Il eût trouvé son salut dans un désert : il meurt au milieu des hommes, en maudissant le pacte mal entendu qu’il a fait avec vous et qui le tue !

Les Romains, ce peuple si dur, donnaient du