Page:Léo - Coupons le Câble !, 1899.djvu/74

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À mesure que plus de lumière s’est répandue autour de nous, la religion s’est fondue, pour les hommes en général, dans la politique ; et pour les femmes, généralement toujours dans la mode, un courant donné. Quant au peuple, sa religion c’est le dimanche [1].

J’ai interrogé bien des simples sur ce sujet. Ils ont encore un faible pour le bon Dieu ; mais à peine l’ont-ils avoué, qu’ils se hâtent d’ajouter : mais les prêtres, c’est des marchands ! Un commerce comme un autre ! Et joliment cher !

Je n’affirmerais point que la suppression du dimanche ne causerait pas une révolution ! Les filles tiennent beaucoup à faire toilette pour aller à la messe. Les garçons y vont pour les passer en revue. Les mères y figurent par décorum et pour des curiosités locales. C’est une distraction. Les pères aiment à s’y rencontrer pour causer ensemble sous le porche et de là se rendre au cabaret. Le dimanche est pour tous le jour de fête et de délassement. Mais si on le conserve, en variant son programme, et surtout si l’on sait rendre ce programme plus attrayant, tout ira bien.

Quant aux prêtres non jésuites, ce sera affaire aux catholiques persistants de suffire à leur entretien. Nulle persécution ! Mais il appartient à chacun

  1. Un des griefs du peuple contre la révolution de 89 fut la substitution du decadi au dimanche. Faut du système décimal, pas trop n’en faut ! « Nos bœufs même, disaient-ils, ne voulaient pas travailler le dimanche ! »