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Page:Léo - Les Désirs de Marinette.djvu/15

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tenant un pauvre en haillons.

On ne saurait affirmer que Joseph et Marinette se rendirent compte de tous ces détails, qu’ils semblaient contempler pourtant avec l’attention la plus soutenue ; mais, à la fin, la jeune fille, comme oppressée de ce long silence, dit :

— Et la fin de l’histoire, monsieur Joseph, vous avez promis de me la dire ?

Joseph rougit beaucoup :

— Elle est là dans ma poche, répondit-il après un moment d’hésitation.

— Eh bien ?

— J’aime mieux la lire, dit-il en dépliant le journal.

Mais il parut que la voix lui manquait, aussi bien pour lire que pour raconter ; car, se penchant vers Marinette :

— Lisons ensemble, voulez-vous ?

Elle cherchait ; il montra du doigt le paragraphe ; leurs têtes étaient tout près l’une de l’autre, et Marinette sentait la chaleur du front de Joseph qui venait enflammer le sien.


« Il mit un genou en terre, et lui dit :

» — Le ciel nous réunit enfin ! Ô divine Éléonore, je vous aime ! Si vous daignez répondre à mon amour, Dieu même n’a point de couronne qui puisse aller à mon front.

» L’adorable jeune fille laissa tomber sa main dans la main de Gaston, et le jeune héros, que cet aveu remplit d’une ivresse indicible, cueillit sur les lèvres de cet ange le premier