Page:Léo - Les Désirs de Marinette.djvu/2

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

formé par le talus même de l’aqueduc, on apercevait, assise là le plus souvent, au milieu de ses marmots, une jolie femme pauvrement vêtue, qui tricotait ou raccommodait en berçant sur ses genoux le plus petit des enfants.

Ce lieu était alors désert et tranquille, peu de promeneurs y pénétraient. L’horreur seule des chemins battus, qui dirige souvent mes pas, m’y conduisit par hasard, un jour. Après le premier moment de surprise, causé par la vue de la baraque, remarquant la bonne tenue du petit jardin, la fraîcheur et la gaieté des enfants, la propreté des guenilles qui séchaient au soleil, je reconnus les signes d’une pauvreté grande, mais intelligente et laborieuse.

Plusieurs fois, depuis, je pensai à revenir dans ce lieu, à faire connaissance avec cette famille ; mais le courant des choses de la vie me porta ailleurs et ce ne fut que longtemps après, cette année même, que, revenant d’Arcueil à travers champs, je me rappelai les gens de la cabane et fut pour les visiter.

Mais, tout avait bien changé. Ce coin de terre, autrefois si solitaire et si verdoyant, est occupé maintenant par de nombreux ouvriers, et bouleversé par les travaux du chemin de fer de ceinture. La tranchée, large et profonde, passe tout près de la cabane, et doit avoir écorné quelque peu le jardin ; une vraie maison, que les mains de maçons entendus élèvent à la hauteur d’un étage, se bâtit près de l’ancienne ; et de l’autre côté de