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Page:Léo - Un divorce, 1866.pdf/151

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UN DIVORCE

table, mais il faut que M. Renaud ait toujours à dîner son plat de macaroni.

— Non ! Ferdinand aime surtout la choucroûte.

— Le macaroni est bon, je ne dis pas ; mais à la fin on s’en lasse. Il faut que ce soit avec du gruyère très-fin, et c’est assez cher.

— C’est la choucroûte aux raves que Ferdinand préfère, mais avec beaucoup de lard.

— Moi, ce macaroni, je le trouve ennuyeux à faire. Il y a plusieurs manières, mais c’est toujours la même pour M. Renaud. On le fait bouillir dans du bouillon gras d’abord, puis on râpe le fromage, et on met par couches, jusqu’à ce que ce soit haut comme ça ; ensuite il faut le passer dans la tourtière avec beaucoup de beurre.

— Moi, je mets tout simplement la choucroûte dans la marmite quand le lard commence à fondre ; ensuite on remue le tout ensemble, on sert comme cela, les bandes de lard en dessus.

— Le macaroni ainsi dressé est un joli plat.

— La choucroûte est assez bonne ; mais je n’en puis plus manger ; elle me pèse sur l’estomac.

— Est-ce que tu as l’estomac faible ? Ah ! cela tient sans doute à ton état. Moi, je me porte bien, quoique je n’aie pas beaucoup d’embonpoint. Mais Adolphe trouve que c’est précisément comme il faut ; il a horreur des femmes fortes. Il me défend d’engraisser, car il faut, pour qu’une femme lui plaise, qu’elle soit petite, maigre, et même qu’elle ait quelque chose d’enfant ; et ce qui l’a séduit, à ce qu’il paraît, c’est que j’ai la taille svelte et l’air comme cela… simple. Il me dit que je puis être frivole tant que je voudrai ; mon Père ! ce n’est pas difficile. Enfin il me traite vraiment en enfant gâtée. Croirais-tu ? j’ai horriblement peur des souris ; eh bien ! il