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UN DIVORCE

babillarde et monotone, flambait dans la cheminée ; et, dans un coin de la chambre, sur un berceau blanc, reposaient, épars, une petite robe et des langes, une chemise, un petit bonnet. Ferdinand venait de sortir de nouveau ; Anna était allée donner des nouvelles à M. Grandvaux, qui attendait chez la tante Charlet.

Tout à coup, la douleur rendit des forces à la jeune femme ; elle se redressa en poussant des cris déchirants.

Un quart d’heure après, elle retombait sur son lit, sans mouvement, pareille à une morte et la sage-femme déposait sur les genoux de madame Grandvaux une petite forme confuse enveloppée d’un lange. Mais on n’entendait point de vagissements.

— Il est sans vie ! dirent plus haut que ses lèvres tremblantes les regards terrifiés de madame Grandvaux.

— Peut-être ! murmura la sage-femme, qui posa le doigt sur ses lèvres en montrant le lit. Elle se mit à frictionner la pauvre petite créature et à lui souffler dans la bouche ; mais aucun mouvement ne se produisit. À la fin, cependant, grâce à quelques gouttes d’éther, l’enfant tressaillit.

— Il vit, dit la sage-femme avec un soupir de soulagement, et la bonne grand’mère, joignant les mains et courbant le front, adressa du cœur une action de grâces à l’être idéal dont elle avait fait son consolateur.

Au bout de quelques instants l’enfant ouvrit les yeux, et une plainte s’échappa de sa frêle poitrine ; si faible qu’à peine elle frappa l’air. Cependant elle arriva jusqu’au cœur de la jeune mère, qui d’une voix faible, mais d’un accent où se mêlaient la joie, le commandement et le triomphe, dit : Mon enfant !

On le lui porta et l’on fut obligé de la soutenir pour qu’elle pût le voir. Un sourire d’étonnement et de pitié