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Page:Léo - Un divorce, 1866.pdf/259

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UN DIVORCE

— Desfayes ? Non, madame, dit Étienne sèchement. Ne la lui demandez pas, car je n’accepterais point. Je ne veux pas me prêter à ces choses-là.

— Il me semble qu’il n’y a pas de machinations là-dessous. M. Desfayes ou un autre ; moi, ça m’est égal… Tenez, je vois bien que vous croyez, vous aussi, que je suis amoureuse de votre cousin. Ce n’est pas vrai, et, à la fin, tout cela m’impatiente. Je ne dis pas que je n’ai pas été un peu coquette avec lui ; les hommes sont si bêtes qu’on ne peut faire autrement avec eux ; mais je vois à présent que le monde en croit plus long qu’il n’y a, et moi alors ça ne me convient plus du tout, et je veux que ça finisse ; car si ça venait aux oreilles de Fonjallaz, surtout à présent, il me rendrait malheureuse. Ainsi donc votre cousine peut reprendre son mari, si ça lui plaît ; vous n’avez qu’à le lui dire. Je le lui rends de bon cœur, et, dès la première fois qu’il vient tourner autour de moi, au lieu de m’amuser de lui, simplement, comme je l’ai toujours fait, je l’envoie promener de manière à ce qu’il n’y revienne plus. Le plus souvent que j’irai me faire déchirer par les langues, à cause de lui !

— Ma foi ! vous avez tout à fait raison, dit Étienne ; et si ce sont les mauvais propos qui vous font peur, il est plus que temps de vous y prendre. Ça ne vous a pas fait honneur dans le monde, allez, de causer du chagrin à ma cousine, comme vous l’avez fait.

— Ah ! elle s’est plainte ! Voyez-vous ! Elle ne se sera pas gênée sans doute de dire du mal de moi. Eh bien ! il me semble que c’est elle qui a eu le dessous en cela. J’aurais été plus fière, à sa place, et n’aurais pas fait voir mon chagrin. Tant pis, je ne m’en repens pas. Elle ne m’a jamais fait que des malhonnêtetés. Elle m’a dit des choses mortifiantes, et, quoiqu’elle me connût bien,