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UN DIVORCE

qu’elle avait donnés à sa fille. Car, disait-elle, le ménage allait maintenant aussi bien qu’un autre. Et c’était vrai. M. Desfayes n’était chez lui qu’aux heures des repas et du sommeil ; mais sa femme ne trouvait pas cela mauvais, et ne s’en inquiétait plus. Pourvu que le dîner fût prêt à l’heure, et suffisamment bon, qu’il trouvât sous sa main les vêtements qu’il lui fallait, que sa femme lui donnât la réplique, à table, sur les nouvelles de la ville et du canton ; pourvu que l’enfant ne dérangeât pas le calme du repas et ne criât pas la nuit trop fort, M. Desfayes n’était pas de mauvaise humeur et ne contrariait pas sa femme. Il n’usait même pas trop de son droit de gronder à l’égard d’un rôti mal cuit ou d’une chaussette négligée, et ne contrôlait pas de bien près les dépenses de Claire.

Celle-ci, de son côté, remplissait son devoir avec exactitude. Le soin du service de Monsieur passait, dans la maison, avant toute autre chose, et ses ordres étaient accomplis rigoureusement. Lors même que l’enfant tenait sur pied toute une nuit Claire et sa domestique, ni l’une ni l’autre, le matin, ne se livrait au sommeil ; et Louise, les yeux gonflés et tout étourdie, servait à la même heure le déjeuner de Monsieur, tandis que madame Desfayes, la tête brisée, se levait pour tenir et habiller le petit Fernand. Enfin la conversation des deux époux était montée d’habitude sur le ton amical. Ferdinand commençait à s’intéresser à son fils. Il le prenait de temps en temps sur ses genoux, et le petit Fernand, qui le connaissait très-bien, commençait à lui sourire, à jouer avec sa barbe et à lui tendre les bras.

Les choses allaient donc là paisiblement.

Il n’en était pas de même dans le ménage d’Étienne, où la gêne d’abord, puis la débine, avaient produit des ravages profonds. Malgré les leçons d’une vieille ouvrière