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Page:Léo - Un divorce, 1866.pdf/276

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UN DIVORCE

— Vraiment ? comme ce serait heureux ! Tiens, en me parlant d’Étienne, M. Camille disait l’autre jour : Maëdeli est le poids qui l’entraîne au fond. Il ajouta qu’on ne pouvait se permettre cependant de couper le lien qui les joignait l’un à l’autre ; car il est plein de cœur et de respect, lui, pour l’amour ; et pourtant un amour comme celui-là…

— Non, Étienne ne peut pas avoir laissé partir sa… cette fille et son enfant, dit Anna, fort émue.

— Son enfant, je ne dis pas ; mais je te trouve bien étrange de t’affliger de cela, ma chère petite. Si elle est partie, c’est ce qui pouvait arriver de plus heureux.

Anna ne répondit rien, et baisa son petit neveu, qu’elle avait dans les bras :

— Avez-vous aimé votre tante aujourd’hui, monsieur ? Avez-vous vu le soleil ? Avez-vous bien ri ?

L’enfant étendit les bras vers le soleil qui s’abaissait.

— Oui, le voilà ; il va se coucher dans son grand lit, derrière la montagne ; mais il reviendra demain pour éclairer le petit Fernand et le faire grandir.

L’enfant, les yeux fixés sur sa tante, l’écoutait et semblait réfléchir. Puis il se mit à s’agiter et poussa deux ou trois cris stridents, où il semblait y avoir plus de douleur que de joie.

Claire, occupée de réparer un petit soulier, revenait toujours au même sujet.

— Si tu savais, dit-elle, comme il s’est amusé aujourd’hui ! Il riait !… Je ne sais pas vraiment lequel des deux s’amusait le plus, car…

— Lequel ? demanda la jeune fille. Qui donc l’autre ?

M. Camille. Ma chère, il marchait à quatre pattes, avec Fernand sur son dos, et Fernand se tenait si bien !… Et tu ne croirais pas, il a dit : Hue ! en frappant comme