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Page:Léo - Un divorce, 1866.pdf/415

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UN DIVORCE

affirmant la dureté de son mari pour elle et les preuves répétées qu’elle avait eues de son infidélité.

— Veuillez demander à madame, dit M. Desfayes, pour quel motif elle s’est enfuie de ma maison en enlevant mes enfants ?

Le juge fit cette question.

M. Desfayes, répondit Claire, prétendait m’imposer une servante qui ne me convenait pas.

— Avais-je ou non ce droit ? reprit Ferdinand.

— Incontestablement ! répondit le juge.

— Le droit ? ou le pouvoir ? dit timidement Claire, que les leçons de Mathilde inspirèrent en ce moment.

Le magistrat fronça les sourcils, Ferdinand sourit.

— J’ai fait cette question, dit-il, dans le seul but de prouver quel esprit d’indépendance inspirait madame dans notre communauté. Ignorance de ses devoirs, prétentions folles, exigences outrées, révoltes audacieuses, voilà ce que j’ai supporté pendant cinq ans. Madame Desfayes me paraît avoir puisé dans la société d’une personne de sa famille des idées excentriques et justement réprouvées, qui, lui donnant une très-haute idée de ses droits, la portaient à méconnaître ceux de son mari. J’ai reçu de sa part l’assurance d’une désobéissance formelle, quand je lui ai défendu de continuer ses visites dans une maison où la voix publique elle-même m’avertissait qu’elle avait avec certain jeune homme des entrevues trop fréquentes. Relativement aux accusations lancées contre moi, elles sont fausses ou exagérées. Madame Fonjallaz ne m’a jamais adressé de lettres, et il n’est pas croyable que madame Desfayes se fût dessaisie d’une pareille preuve, si elle l’avait eue dans les mains. Fonjallaz, de son vivant, m’avait rendu des services, et je ne me suis pas montré bien généreux en prêtant à sa veuve une faible somme,